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Le lien entre traumatisme crânien et maux de tête

 

Presque tous les patients que je vois pour des problèmes de céphalées; que ce soit des céphalées de tension, migraines, névralgie d’Arnold,…, ont des problèmes au niveau cervical. Presque tous présentent une raideur cervicale ou une inversion de la courbe cervicale qui provoquent des irritations nerveuses qui sont liées à leurs douleurs à la tête. J’ai déjà présenté plusieurs articles sur ce sujet dont le dernier que vous pourrez retrouver ici.

Autant une raideur peut être lié à un problème postural (souvent lié au fait que le patient n’a pas marché ou assez marché à quatre pattes pendant la petite enfance et a sauté cette étape du développement pour les courbes de la colonne); autant une inversion de la courbe est souvent liée à un choc type coup du lapin (whiplash en anglais) ou choc de type accélération-décélération qu’on peut subir pendant un accident de voiture, accident de sport, etc.

Dans cette étude parue dans le « Journal of Headache and Pain » en Mars 2024, une équipe de chercheurs norvégiens, suisses, canadiens, hollandais, nouvelle-zélandais et allemands ont voulu étudier le lien entre un traumatisme crânien et des maux de tête dans les 12 mois suivants le choc.    

 

Céphalées post-traumatiques

 

Une céphalée post-traumatique ou mal de tête suite au traumatisme crânien, est un symptôme courant après un choc. Elle est classée comme un mal de tête secondaire, qui peut se développer dans les 7 jours suivant le traumatisme. La durée de la céphalée post-traumatique détermine si elle est aiguë (moins de 3 mois) ou persistante (plus de 3 mois).
La prévalence signalée de maux de tête au cours de la première année suivant le traumatisme crânien varie de 10 à 95%, selon la gravité du traumatisme, le type de douleur et d’autres facteurs. Dans une des études sur ce sujet, 37,5% des patients atteints de traumatisme crânien léger ont signalé des maux de tête à 6 mois et près de 30% à 12 mois après le traumatisme.
Une autre étude prospective a estimé que 54% à 69% des patients atteints de traumatisme crânien léger ont connu des maux de tête au cours de la première année. Plusieurs études suggèrent même que la céphalée post-traumatique est plus fréquente après un traumatisme crânien léger par rapport au traumatisme crânien modéré ou sévère.

Bien que la céphalée post-traumatique ait tendance à s’améliorer avec le temps, de nombreux patients éprouvent toujours des maux de tête chroniques, quelle que soit la gravité du traumatisme crânien.

Dans une étude de 2017, être une femme, être d’un âge plus jeune, et avoir des antécédents de maux de tête ont été reconnus comme des facteurs de risque importants pour développer une céphalée post-traumatique chronique après un traumatisme crânien léger.

Des dommages simultanés aux structures musculo-squelettiques, en particulier la tête et les cervicales, peuvent entraîner des céphalées de tension. La présence de douleurs cervicales, comorbides et simultanées avec la migraine s’est avérée être un prédicteur significatif de l’invalidité et des limitations physiques et est associée à une fréquence, une intensité et une durée accrues des maux de tête.

 

Une étude internationale sur les céphalées post-traumatiques

 

Dans cette étude qui a inclus plus de 2200 patients ayant subi un traumatisme crânien et se présentant dans plus de 65 centres médicaux à travers le monde, les chercheurs ont trouvé que plus de 59% des patients déclaraient avoir un mal de tête. Ils ont trouvé que même si la plupart des patients déclaraient une diminution de leurs maux de tête après 3 à 6 mois, plus de 25% des patients souffraient toujours de maux de tête 12 mois après le traumatisme.

Les facteurs qui contribuent à la chronicité de la céphalée post-traumatique comprennent les caractéristiques du traumatisme crânien, les antécédents de maux de tête, la présence d’un trouble de stress post-traumatique, d’autres problèmes de santé mentale et d’autres comorbidités.
Comme dans les études précédentes, les chercheurs de cette étude ont trouvé que les patients féminins et plus jeunes (moins de 40 ans) ont signalé une fréquence plus élevée de maux de tête au départ par rapport aux hommes et aux adultes plus âgés. Mais ils ont aussi trouvé que la fréquence des maux de tête sévères était le plus élevé chez les patients admis aux soins intensifs et donc ayant subi un traumatisme crânien plus sévère. Ce qui contraste avec des recherches antérieures qui ont signalé un risque accru de maux de tête chez les personnes atteintes de traumatisme crânien léger. Ils ont contribué cette observation au fait que les patients de cette étude ont été principalement recrutés dans les centres de référence de traumatisme crânien et, par conséquent, se trouvaient pour la plupart dans le spectre de traumatisme crânien plus grave que traumatisme crânien léger.

 

Fréquence et gravité des maux de tête post-traumatiques

 

Des études de neuroimagerie ont rapporté que les patients atteints de céphalée post-traumatique présentaient une épaisseur corticale réduite dans diverses régions pariétales bilatérales et frontales droites, et la gravité des maux de tête était négativement corrélée à l’épaisseur bilatérale du cortex frontal supérieur.

La présence de comorbidités post-traumatiques (se sentir déprimée, fatigue, troubles du sommeil, problèmes de vision, douleurs cervicales et problèmes de mobilité) a effectivement impacté la gravité des maux de tête dans toute la population au cours des 6 premiers mois suivant la blessure. La douleur cervicale a néanmoins été associée à des maux de tête jusqu’à même 12 mois après le traumatisme !
Des études de traumatisme crânien antérieures avec des échantillons de sévérité mixte ont démontré l’association entre ces comorbidités et les maux de tête. Par exemple, la dépression et d’autres aspects de la détresse émotionnelle sont courants après les traumatismes crâniens et contribuent à la durée et à l’intensité des maux de tête. Les maux de tête peuvent également être déclenchés par des problèmes dans le système visuel, tels que les troubles de la vergence, l’accommodation, troubles de de fixation, les saccades, et les mouvements des yeux.

Dans l’ensemble, la gravité du traumatisme crânien et la douleur cervicale semblent être les prédicteurs les plus robustes associés à la présence, la fréquence et la gravité des céphalées post-traumatiques. Les patients atteints de traumatisme crânien ont des chances significativement plus élevées de subir une lésion cervicale concomitante. Les douleurs cervicales comorbides sont associées à une plus grande gravité des maux de tête et à la limitation physique et contribue aux syndrome post-traumatique. 

 

Solutions aux différents symptômes post-traumatiques dans notre cabinet

 

La prise en charge d’une personne souffrant de différents symptômes suite à un traumatisme crânien léger et commotion cérébrale légère n’est pas aisée. Les patients qui consultent dans notre cabinet souffrent souvent des douleurs cervicales, maux de tête, migraines, troubles d’équilibre et vertiges, brouillard cérébral ou brain fog, difficultés de concentration, etc. Comme j’a déjà évoqué dans d’autres articles, la première étape est un examen médical approprié à l’hôpital ou par un neurologue et des imageries.

Les patients qui nous consultent ont effectivement des symptômes persistants malgré des examens qui ne montrent pas de pathologies avérées. Ces symptômes sont dus à des problèmes fonctionnels qui demandent un examen clinique supplémentaire et des soins adaptés. Selon l’examen, on met en place un programme spécifique qui peut comprendre des soins chirorpatiques, de la neuro-stimulation, de la photobiomodulation transcrânienne, des exercices vestibulaires, oculomoteurs et proprioceptifs et dans certains cas de l’oxygénation hyperbare. 

Références : 

 

  1. Howe EI, Andelic N, Brunborg C, Zeldovich M, Helseth E, Skandsen T, Olsen A, Fure SCR, Theadom A, Rauen K, Madsen BÅ, Jacobs B, van der Naalt J, Tartaglia MC, Einarsen CE, Storvig G, Tronvik E, Tverdal C, von Steinbüchel N, Røe C, Hellstrøm T; CENTER-TBI Participants and Investigators. Frequency and predictors of headache in the first 12 months after traumatic brain injury: results from CENTER-TBI. J Headache Pain. 2024 Mar 25;25(1):44.