01 47 07 02 60

La neurostimulation du nerf vague et d’autres nerfs pour la migraine

 

Est-ce qu’il existe un traitement qui soit efficace pour la migraine ? Tout d’abord il faut comprendre ce qu’est une migraine et ce qui se passe dans le cerveau dans le cas d’une migraine. Et la réponse peut être oui. D’ailleurs la grande majorité de nos patients constatent soit une disparition des symptômes, soit une forte diminution de la fréquence et de l’intensité des symptômes. Mais il faut comprendre qu’une seule méthode ou traitement ne peut pas être efficace. C’est pour cela qu’après l’examen initial, nous mettons en place des approches dont l’objectif est similaire (stimuler et rétablir le fonctionnement normal du système nerveux) comprenant des soins de Chiropraxie combinés à de la neurologie fonctionnelle, avec de la neuro stimulation périphérique, de la rééducation vestibulaire ou oculomotrice, de la photobiomodulation transcrânienne, de la stimulation transcrânienne à courant direct ou de la neuro stimulation du nerf vague ou une combinaison de ces méthodes. Aujourd’hui je voudrais parler en détail de la neuro stimulation du nerf vague ainsi que d’autres nerfs pour la migraine.

Comprendre la migraine

 

Comme la plupart des maladies, il semble y avoir à la fois des facteurs environnementaux et génétiques qui peuvent expliquer la physiopathologie des migraines.

Bien que le mécanisme exact des migraines ne soit pas complètement compris, des progrès ont été réalisés au cours des dernières décennies. Puisqu’il a été démontré que les vasoconstricteurs pouvaient soulager les symptômes de la migraine, il a été précédemment postulé que les migraines étaient le résultat d’une vasodilatation. Cependant, des preuves plus récentes suggèrent que la physiopathologie de la migraine peut être beaucoup plus nuancée que prévu. La compréhension actuelle est qu’une voie, commençant par des fibres afférentes de la branche occipitale du nerf trijumeau qui conduit à des neurones des ganglions de la base, du thalamus et de l’hypothalamus se synapsant sur des zones corticales peut être responsable de la cause de nombreux symptômes liés à la migraine. De plus, même si les migraines sont fréquentes, divers facteurs peuvent aussi compliquer leur diagnostic. Par exemple, les maux de tête cervicogènes (ou céphalée d’origine cervicale) sont souvent diagnostiqués à tort comme des migraines. Ces maux de tête surviennent en raison d’une douleur référée du cou et partagent de nombreuses caractéristiques avec les symptômes de la migraine, notamment des maux de tête unilatéraux, une photophobie, des nausées et des vomissements. 

Pour résumer, la migraine est un trouble neurologique caractérisé par un état sous-jacent de réactivité accrue (hypersensibilité) des réseaux corticaux et sous-corticaux qui amplifient l’intensité des stimuli sensoriels. C’est ainsi que les stimuli tels que la lumière, le bruit, les odeurs, le stress,… peuvent alors déclencher des réactions du système et les symptômes de la migraine.
Les crises de migraine sont évolutives et impliquent généralement une phase prémonitoire, des maux de tête et une phase postdromique, et dans environ un tiers, des symptômes visuels, sensoriels et langagiers réversibles (phase d’aura). La phase prémonitoire semble impliquer l’hypothalamus et ses connexions fonctionnelles avec des noyaux spécifiques du tronc cérébral et des régions corticales, tandis que la douleur migraineuse implique un traitement sensoriel accru dans les voies trigéminovasculaires périphériques et centrales.

 

Quel traitement pour la migraine ?

 

Malgré le fait que les médicaments actuels peuvent s’avérer efficaces dans le traitement symptomatiques des troubles migraineux, ils ont également un coût financier élevé et un large éventail d’effets secondaires. Si tant est qu’ils fassent effet sur le long terme, et qu’il ne faille pas augmenter les doses ou passer à des médicaments de plus en plus forts…

Comme j’en ai parlé plus haut, en plus des soins de Chiropraxie qui ont montré leurs efficacité pour différentes céphalées notamment les migraines, une autre alternative thérapeutiques potentielle abordable peut être l’électro-neuro-stimulation. Cette modalité de traitement, qui comporte différentes sous-classes, délivre un signal électrique à une région spécifique du corps (qui change en fonction du type d’électro-stimulation utilisée). On pense essentiellement que ces impulsions électriques modulent l’activité de divers neurotransmetteurs, notamment la sérotonine, l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), la dopamine et autres. La modulation électrique des neurotransmetteurs modifie le schéma de déclenchement des neurones et peut moduler la douleur, la fréquence et d’autres facteurs classiquement associés aux migraines.

 

Neuro-stimulation du nerf vague, du nerf trijumeau et du nerf occipital pour la migraine

 

Depuis quelques années de nombreuses études ont montré l’efficacité de la neurostimulation pour la migraine, que ce soit de la stimulation occipitale, trigéminale ou vagale. 
Une revue systématique parue en Août 2021 a passé en revue 18 études récentes sur ce sujet et a trouvé qu’il y avait un quasi-consensus sur le fait que la neurostimulation électrique avait un bénéfice thérapeutique significatif pour les personnes souffrant de migraines chroniques.

De nombreuses études analysées dans cette revue ont montré des diminutions de l’intensité de la douleur, du nombre moyen de jours de maux de tête, de la sévérité des crises et de la douleur associée aux migraines chez les patients ayant reçu un traitement d’électrostimulation nerveuse.

À noter que deux des études ont constaté que l’utilisation de l’électrostimulation pour traiter les symptômes associés à la migraine avait des résultats similaires à l’utilisation d’un médicament antiépileptique prescrit communément pour la migraine. Les chercheurs d’une de ces études ont déterminé une non-infériorité de la neurostimulation  par rapport aux traitements pharmacologiques conventionnels pour soulager complètement toutes les douleurs associées à la migraine.

Bien que d’autres études de cette nature soient nécessaires, en particulier des essais de non-infériorité, pour corroborer ces résultats, les résultats de ces études sont plutôt encourageants. Parmi les problèmes les plus répandus dans les troubles de la migraine figurent les effets secondaires induits par les médicaments. L’utilisation chronique de médicaments tels que l’aspirine peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux, des saignements gastro-intestinaux et des ulcères d’estomac, tandis que l’utilisation chronique d’anti-épileptique peut provoquer une vision floue, de la fatigue et des problèmes de mémoire.

Comme je l’ai expliqué plus haut, dans notre cabinet, c’est l’examen initial qui permet de déterminer quel appareil de neurostimulation sera utilisé pour quel patient, à quel endroit, à quelle fréquence et quelle intensité. Beaucoup de variables ont leur importance car les mécanismes de douleur ne sont pas les mêmes chez tous les migraineux. On n’obtient pas le même effet en stimulant le nerf vague que le nerf occipital ou le trijumeau. De même à certaines fréquences le mécanisme de l’électrostimulation peut être une simple inhibition locale de la douleur au niveau de la moelle épinière (par effet de Gate Theory) tandis que d’autres fréquences peuvent avoir comme effet la modulation des récepteurs opioïdes, des récepteurs GABA et des récepteurs de la sérotonine dans le noyau gris périaqueducal, en plus de la moelle moelle épinière. 

 

Neuro stimulation nerf vague migraine

Références :

 

  1. Patel K, Batchu S, Wang R, et al. The Use of Electrical Nerve Stimulation to Treat Migraines: A Systematic Review. Cureus. 2021;13(8):e17554. Published 2021 Aug 30.
  2. Migraine prevention using different frequencies of transcutaneous occipital nerve stimulation: a randomized controlled trial. Liu Y, Dong Z, Wang R, Ao R, Han X, Tang W, Yu S. J Pain. 2017;18:1006–1015.
  3. Remote electrical neuromodulation (REN) in the acute treatment of migraine: a comparison with usual care and acute migraine medications. Rapoport AM, Bonner JH, Lin T, Harris D, Gruper Y, Ironi A, Cowan RP. J Headache Pain. 2019;20:83.