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Dans un autre article j’avais déjà parlé des céphalées par abus médicamenteux qui est un sujet ignoré par certaines personnes souffrant de différentes sortes de céphalées (céphalées de tension, migraines, etc.)

Une nouvelle étude parue en Août 2025 dans le journal Cephalalgia, revient sur les douleurs à la tête dans le cas des algies vasculaires de la face et abus médicamenteux.  

 

Algie vasculaire de la face et céphalée par abus médicamenteux

 

L’algie vasculaire de la face (AVF), aussi appelée cluster headache en anglais, est une forme de céphalée extrêmement douloureuse qui survient par crises. Contrairement à la migraine et aux céphalées de tension, on connaît très mal la question de l’abus médicamenteux dans l’algie vasculaire de la face et si celui-ci peut mener à des céphalées par abus médicamenteux (CAM). 

Les céphalées par abus médicamenteux sont un problème bien connu chez les personnes souffrant de migraine et de céphalées de tension : l’utilisation excessive de médicaments pour soulager les crises peut, paradoxalement, aggraver les maux de tête et les rendre chroniques. Environ 33% des patients migraineux suivis en clinique spécialisée développent ce problème.

Dans l’algie vasculaire de la face, la situation est particulière. Les traitements préventifs efficaces, bien tolérés et rapides restent limités, ce qui impose un lourd fardeau aux patients. De plus, la fréquence des crises varie beaucoup dans le temps : les patients en forme épisodique alternent entre des périodes de crises quotidiennes et des périodes sans douleur, tandis que ceux en forme chronique peuvent avoir des crises continuellement. Cette variabilité rend la question de l’abus médicamenteux complexe à étudier.

Les chercheurs danois ont donc mené cette étude pour déterminer combien de patients avec l’algie vasculaire de la face présentent un abus médicamenteux et des céphalées par abus médicamenteux probables, identifier les facteurs associés et comprendre l’impact clinique de ce phénomène.

Méthodologie de l’étude

 

L’étude a été menée au Centre Danois des Céphalées, un centre spécialisé de référence, entre novembre 2022 et décembre 2023. Les chercheurs ont contacté 546 patients préalablement diagnostiqués avec Algie vasculaire de la face selon les critères internationaux de classification des céphalées avec un taux de réponse de 79%.

Les chercheurs ont utilisé deux définitions pour identifier les Céphalées par abus médicamenteux :

1. La définition standard selon les critères internationaux : présence d’une céphalée chronique (15 jours ou plus par mois) accompagnée d’un abus médicamenteux depuis plus de trois mois.

2. Une définition conservative : présence d’une céphalée bilatérale quotidienne accompagnée d’un abus médicamenteux. Cette définition plus stricte a été ajoutée car les chercheurs reconnaissent que les critères standards ne sont peut-être pas directement applicables à l’Algie vasculaire de la face.

Un abus médicamenteux était défini comme l’utilisation d’analgésiques simples pendant 15 jours ou plus par mois, ou de triptans, opioïdes ou combinaisons de médicaments pendant 10 jours ou plus par mois.

La population étudiée était représentative des patients avec algie vasculaire de la face : environ les deux tiers souffraient de la forme épisodique et un tiers de la forme chronique. Le ratio hommes-femmes était de 2,1 pour 1, ce qui correspond aux données habituelles où l’algie vasculaire de la face touche plus d’hommes. L’âge moyen était de 52 ans.

La durée moyenne d’une crise traitée était de 25 minutes, avec environ 9 crises par semaine. Pour ceux en forme épisodique, les périodes de crises duraient en moyenne 5 semaines.

Résultats principaux sur l’abus médicamenteux

 

Un patient sur cinq (21%) présentait un abus médicamenteux selon les critères internationaux. Lorsque les chercheurs ont appliqué la définition conservative (céphalée bilatérale quotidienne plus abus médicamenteux), la prévalence chutait à 4% de l’ensemble des patients.

 Types de médicaments surutilisés dans l’abus médicamenteux

 

Les résultats concernant les types de médicaments étaient surprenants. Les analgésiques simples comme le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens représentaient plus de la moitié des abus (52%), suivis par les triptans (37%), les opioïdes (30%) et les thérapies combinées (21%).  

Ce résultat est inattendu car les analgésiques simples et les opioïdes ne sont pas efficaces pour l’algie vasculaire de la face et ne sont pas recommandés dans les lignes directrices de traitement. Les triptans, qui sont le traitement de référence pour les crises d’algie vasculaire de la face, ne représentaient qu’un peu plus d’un tiers des cas d’abus. Par ailleurs, 40% des patients avec céphalées par abus médicamenteux probable surutilisaient plusieurs types de médicaments simultanément.

L’abus isolé de triptans ne concernait que 15 patients, soit seulement 3% de l’ensemble de la cohorte, ce qui suggère que ce n’est pas le principal problème dans l’algie vasculaire de la face. 

Contrairement à la population générale d’Algie vasculaire de la face où les hommes sont majoritaires, le ratio hommes-femmes chez les patients avec céphalées par abus médicamenteux probable montrait une nette prédominance féminine relative.

La grande majorité (81%) des patients avec céphalées par abus médicamenteux probable souffraient de la forme chronique d’algie vasculaire de la face. Les crises duraient plus longtemps après traitement chez ces patients (30 minutes contre 20 minutes pour ceux sans céphalées par abus médicamenteux), même si la fréquence des crises ne différait pas significativement.

Impact clinique de l’abus médicamenteux

 

L’étude a révélé des différences importantes dans l’efficacité des traitements entre les patients avec et sans Céphalées par abus médicamenteux probable. Chez les patients avec céphalées par abus médicamenteux probable, seulement 20% rapportaient une bonne efficacité des traitements aigus pour réduire l’intensité de la douleur, contre 56% chez ceux sans céphalées par abus médicamenteux. Cette différence était statistiquement significative.

Pour les traitements préventifs, 13% des patients avec céphalées par abus médicamenteux probable rapportaient une bonne réduction de la fréquence des crises, contre 37% chez ceux sans céphalées sans abus médicamenteux. L’efficacité des traitements préventifs sur l’intensité de la douleur ne différait pas entre les groupes.

Fait intéressant, l’utilisation d’oxygène (traitement de référence pour l’AVF) tendait à être moins fréquente chez les patients avec céphalées par abus médicamenteux probable (43% contre 53%), bien que cette différence ne soit pas statistiquement significative. Chez ceux avec la définition conservative de céphalées par abus médicamenteux, seulement 26% utilisaient l’oxygène contre 53% chez les autres, suggérant soit une perte d’efficacité, soit que ceux qui répondent bien à l’oxygène développent moins d’abus médicamenteux.

Facteurs associés aux Céphalées par abus médicamenteux probables

 

L’analyse statistique a identifié deux facteurs fortement associés au développement de Céphalées par abus médicamenteux probables :

La forme chronique d’AVF était le facteur le plus important, multipliant par 11 le risque de développer des céphalées par abus médicamenteux probables. Cela s’explique logiquement car ces patients ont des crises quasi-quotidiennes sans période de rémission, les exposant à un usage continu de médicaments.

La migraine comorbide (présente simultanément) multipliait par 2,35 le risque de Céphalées par abus médicamenteux probables. La migraine était présente chez 30% des patients avec céphalées par abus médicamenteux probable, contre seulement 14% chez ceux sans céphalées par abus médicamenteux. Toutefois, il est important de noter que 60% des patients avec céphalées par abus médicamenteux probable ne souffraient ni de migraine ni de céphalées de tension associées.

Environ 58% des patients avec céphalées par abus médicamenteux probable avaient des antécédents familiaux de migraine, contre 41% chez ceux sans céphalées par abus médicamenteux, bien que cette différence ne soit pas statistiquement significative.

 

Pourquoi étudier les Céphalées par abus médicamenteux dans l’Algie vasculaire de la face ?

 

Les chercheurs soulignent l’importance d’étudier ce phénomène pour plusieurs raisons. D’abord, les études précliniques et d’imagerie cérébrale ont montré que l’utilisation excessive de médicaments modifie plusieurs structures du cerveau, notamment l’hippocampe, la matière grise périaqueducale et le système limbique. Ces altérations se normalisent après l’arrêt du médicament surutilisé.

Bien que ces études n’aient pas été réalisées spécifiquement chez des patients avec algie vasculaire de la face, les chercheurs estiment que les effets des analgésiques sur le cerveau devraient être comparables, compte tenu des similitudes physiopathologiques entre différents types de céphalées.

Dans la migraine et les céphalées de tension, les Céphalées par abus médicamenteux sont associées à un fardeau accru de la maladie et à des taux plus élevés de dépression et d’anxiété. Il est donc important de déterminer si ces conséquences s’appliquent également à l’algie vasculaire de la face.

 

Implications pratiques et recommandations pour l’algie vasculaire de la face

 

L’étude met en évidence un besoin non satisfait important : de nombreux patients utilisent des analgésiques simples ou des opioïdes qui ne sont pas efficaces pour l’algie vasculaire de la face. Cela pourrait refléter soit un traitement inapproprié de l’Algie vasculaire de la face pour éviter d’utiliser « trop » de triptans (limités à deux doses par jour par recommandation), soit l’utilisation de ces médicaments pour d’autres douleurs comorbides.

 Les chercheurs soulignent qu’ils ne recommandent pas l’arrêt des triptans en cas de suspicion de céphalées par abus médicamenteux, en raison de préoccupations éthiques. L’algie vasculaire de la face est considérée comme l’une des douleurs les plus intenses que puissent ressentir les humains, et priver les patients de leur traitement efficace serait problématique.

Cependant, pour les analgésiques simples et les opioïdes qui ne sont pas indiqués dans l’algie vasculaire de la face, un arrêt pourrait être envisagé. Les résultats suggèrent également un besoin criant de meilleurs traitements préventifs pour l’algie vasculaire de la face, afin de réduire la fréquence des crises et donc la nécessité d’utiliser quotidiennement des traitements aigus.

Conclusions et perspectives pour les personnes souffrant de l’algie vasculaire de la face

 

Cette étude représente la plus grande investigation à ce jour sur l’abus médicamenteux et les Céphalées par abus médicamenteux dans l’algie vasculaire de la face. Elle révèle que ce problème est probablement plus fréquent qu’on ne le pensait, touchant potentiellement un patient sur six selon les critères standards, ou 4% selon une définition plus conservative. 

Les résultats suggèrent que, comme dans d’autres types de céphalées, l’abus médicamenteux dans l’algie vasculaire de la face est associé à une moins bonne réponse aux traitements. Cependant, les critères diagnostiques actuels ne sont probablement pas adaptés à la nature particulière de l’algie vasculaire de la face avec ses crises quotidiennes.

Les chercheurs appellent à des études prospectives (suivant les patients dans le temps) et à des essais randomisés contrôlés pour mieux comprendre l’étendue réelle et la présentation des céphalées par abus médicamenteux dans l’algie vasculaire de la face, et pour déterminer si l’abus médicamenteux est réellement un facteur aggravant la maladie. Seules de telles études permettront d’établir des stratégies thérapeutiques appropriées.

En attendant, cette étude souligne l’importance de développer de meilleurs traitements préventifs pour l’Algie vasculaire de la face et de sensibiliser les cliniciens au fait qu’une utilisation excessive de médicaments, en particulier d’analgésiques simples et d’opioïdes non indiqués, pourrait contribuer à l’aggravation des symptômes chez certains patients.

 

Quelle solutions dans notre centre pour les céphalées ?

 

Dans notre cabinet de Chiropraxie, différentes solutions sont proposées pour aider et soulager les patients souffrant des céphalées (céphalées de tension, migraines, algie vasculaire de la face,…) comprenant des soins de Chiropraxie (manipulations vertébrales permettant d’enlever les irritations nerveuses), de la neurostimulation, des exercices spécifiques de posture notamment au niveau cervical et pour les raideurs cervicales (très souvent associées aux céphalées et migraines), de la photobiomodulation (du laser froid ou laser de faible intensité) et finalement dans des cas sévères, de l’oxygénation hyperbare. Ces différentes approches combinées permettent de diminuer grandement l’intensité et la fréquence des crises chez les patients.

 

Références :